Hier encore
Indécence
Mépris
Où sont ils aujourd’hui ?
Des vies au sol
J’ai soulevé leurs plats encore chauds du repas du soir
Partis à la hâte
Jeux d’enfants écrasés, déformés
Qui sommes nous ?
Les bulldozers de leurs mâchoires avalent lentement les débris de ce monde
Monde parallèle qui a certainement coulé dans un autre petit trou ou autre petite faille pour s’y glisser
Dégout profond
Gorge de goéland
Mes mains sont emplies de l’odeur de ces vies mélangées, broyées au sol.
Ils ont détruit vos maisons, des vies émiettées au sol
De loin amas de planches de bois,
Plus je me rapproche
Une baignoire pour enfants, un vélo, une assiette, un gilet, une chaussure, une voiture à roulette, tes gants, un t-shirt, une boots fourrée noire, ton rouge à lèvre des foulards, la nappe mes talons aiguilles, le couvercle de la marmite, tiens les patates sont restées pendues au clou du mur de la maison, le toit en tôle ondulée, des tapis c’est là c’est sûr, sur ces tapis que vous étiez assis, que vous dormiez.
Laisser vivre des êtres humains dans ces conditions est insupportable pourtant aujourd’hui j’ai mal, on a détruit leur maison, leur toit, leur foyer, leur refuge, leur chez eux
Ecrasé comme un monde de fourmis par des hommes en pelleteuse
La pelleteuse a lancé des coups au hasard pour détruire le maximum le plus vite pour qu’ils ne reviennent pas qu’ils ne puissent plus revenir chercher des objets oubliés, laissés faute de bras, elle a écrasé les objets sous ses chaines dentelées
Aujourd’hui ils commencent à déblayer
La main de fer gigantesque passe par dessus la grille et ramène des poignées entières de souvenirs qu’elle vomit dans la benne à ordures
Les badauds regardent et passent leur chemin
Comme moi
On les oubliera jusqu’à la prochaine fois où on croisera leur camp, on se dira « tiens ils sont là »
Mais aujourd’hui sous la pluie où êtes vous ?
J’ai ramassé un à un les débris d’une assiette
Mis vos petits saladiers en verres dans le sceau blanc,
pour aller les laver. Où ?
J’apprends je lis dans les décombres vos gestes du quotidien
La vie
Votre vie
Le doudou chien a pris la pluie,
Il est encore beau avec sa langue rose et sa bonne tête, une vraie peluche, presque un vrai chien,
Tu devais l’aimer. Il va te manquer.
Je l’enveloppe dans un tissu et le couche dans la baignoire orange,
Peut être la tienne ou celle de ton cadet
Un parapluie traine par là, je l’ouvre
Voilà, il a un toit.
Je suis rentrée chez moi écrire et pleurer
Je ne danserai pas aujourd’hui
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